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Tornades interstellaires: des usines à molécules - en direct de la conférence Herschel

Grâce aux observations d'Herschel, une équipe de chercheurs du LERMA et du LUTH (Observatoire de Paris) a enfin résolu l'énigme vieille de 70 ans de l'origine de la richesse chimique du milieu interstellaire diffus (le gaz très tenu qui remplit l'espace entre les étoiles). Ces travaux ont été présentés lors de la Conférence Herschel à l'ESTEC (15-18 octobre 2013).

Les conditions de ce milieu sont en apparence tout sauf propices à la survie des molécules : la température moyenne y est très basse (-200 degrés Celsius), empêchant l' "allumage" de nombreuses réactions chimiques; et les rares molécules qui réussissent à s'y former sont rapidement détruites par les photons ultraviolets émis par les étoiles voisines, ou par les électrons et les molécules d'hydrogène présents.

Cette équipe a proposé de résoudre l'énigme en invoquant la nature magnétisée et très turbulente du milieu: les mouvements turbulents créent une multitude de "tornades interstellaires", gigantesques à notre échelle (de diamètre 100 à 1000 fois la distance terre-soleil) mais minuscules par rapport à la taille des nuages où elles apparaissent (plusieurs dizaines d'années lumière). Au sein de ces tornades, la vitesse du "vent" atteint parfois 10,000 km/h et cette énergie supplémentaire permet de chauffer le gaz suffisamment pour y allumer de multiples réactions chimiques. Ces bouffées intermittentes de chauffage renouvellent en permanence le réservoir en molécules du nuage, en dépit de conditions globalement hostiles.

Les capacités uniques de l'instrument HIFI à bord d'Herschel ont permis d'apporter une confirmation éclatante de ce modèle original de "chimie turbulente". Bien que les tornades restent individuellement invisibles aux télescopes les plus performants, HIFI a été capable de mesurer leur impact collectif sur la chimie du gaz. Un grand nombre de molécules a pu être observé avec une précision inédite, et leurs abondances dans le gaz diffus sont en excellent accord avec les prédictions du modèle. Cette découverte modifie profondément notre vision de la chimie interstellaire qui se révèle être hautement hétérogène et hors-équilibre.

Réussir à observer l'une de ces structures est donc bien plus qu'un défi technologique; il s'agit à présent d'un enjeu scientifique majeur pour comprendre l'évolution dynamique et chimique du milieu interstellaire. Ce sera un champ d'investigation idéal pour l'interféromètre ALMA, dont la résolution spatiale et la sensibilité inégalées devraient permettre la première détection d'une tornade interstellaire.

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A gauche, vue d'artiste du milieu interstellaire sur des échelles de plusieurs dizaines d'années lumière. Le gaz contient des centaines de tornades interstellaires (en rouge), véritables usines pour la production de molécules. Ces molécules survivent bien après la disparition des tornades dans des zones dites "de relaxation" (en bleu). A droite, vue d'artiste d'une tornade interstellaire. Crédit: B. Godard.

 

 

 

par Benjamin Godard, Edith Falgarone & Sylvie Cabrit, LERMA, Observatoire de Paris.

 

 
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